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Connaître et protéger le milieu montagnard

 

La montagne est un formidable terrain d'aventure, de découvertes, de magnifiques randonnées, mais il ne faut pas oublier que les nombreux randonneurs la mettent en danger. Le milieu montagnard et les résidents (agriculteurs, faune et flore) doivent être préservés.

 

Voici un aperçu de ce que le Club Alpin apprend à ses adhérents :

Un paysage résulte de la nature des roches, de la tectonique et de l’érosion, essentiellement due à l’alternance gel/dégel, mais aussi au vent, aux précipitations, aux passages des randonneurs… Les glaciers ont façonné les paysages et ont laissé des traces en se retirant : des moraines, des lacs glaciaires, des roches polies, des cirques…

La montagne est découpée en plusieurs étages : en bas, l’étage collinéen, puis montagnard, puis subalpin, alpin et enfin nival au-dessus de 2800 m.

   

La flore de montagne est fragile, car exposée à des conditions climatiques difficiles. Certaines plantes sont rares et endémiques (Elles n'existent que dans certaines zones). Il y a 1500 espèces de fleurs de montagne répertoriées au jardin alpin du col du Lautaret, dans les Hautes-Alpes.

Pour survivre, certaines ont des poils, comme l’edelweiss ou la potentille. D’autres adoptent un port en coussinet pour conserver l'humidité sous ce "toit" de végétation. Ces coussinets sont très fragiles : s’ils sont agressés par un coup de bâton de marche, ils peuvent dépérir.

La plupart des fleurs de montagne ont une taille réduite pour mieux lutter contre le froid.

Quelques-unes ont des couleurs intenses pour attirer les insectes pollinisateurs et optimiser les chances de disperser les graines, car ces plantes se développent sur des périodes courtes, la saison douce étant limitée, en haute montagne.

   

La faune également est fragile. La moitié des jeunes chamois ou bouquetins ne survivent pas à leur premier hiver. Pour survivre en hiver, les animaux :

* hibernent, comme la marmotte et l’ours.

* muent, comme l’hermine ou le lièvre variable, aussi appelé blanchot. Cette technique est risquée si les premières neiges sont tardives, car ils sont déjà blancs alors qu’il n’y a pas de neige et les prédateurs peuvent les repérer facilement. Le pelage des chamois devient plus sombre afin d’absorber davantage la chaleur du soleil.

* s’enlisent dans la neige, comme le tétras-lyre ou le lagopède. Ils sortent le matin et le soir pour se ravitailler et passent la journée dans un trou creusé sous la neige. Si on marche au-dessus de ces trous, on risque de faire fuir ces oiseaux, ce qui va les épuiser alors qu’ils sont sous-nourris et fragilisés. Cela risque de les faire mourir ou de compromettre la reproduction au printemps. Par exemple, le grand tétras se nourrit d’aiguilles de pin, à très faible valeur énergétique.

Ne pas essayer de s’approcher des animaux ni de suivre leurs traces dans la neige, ce qui faciliterait leur approche pour les prédateurs comme le renard. Observer de loin sans déranger. Respecter les zones de tranquillité (indiquées par des panneaux). Eviter les zones de forêt en hiver, surtout dans les parties hautes où s’abritent les galliformes tels que les tétras et les lagopèdes.

À la fin du 19ème siècle, le bouquetin avait complètement disparu des Alpes, décimé par la chasse. Il s’est ensuite réintroduit dans les Alpes françaises depuis le parc national italien du Grand Paradis. Certaines espèces sont chassées ou sont très sensibles au dérangement, comme le grand tétras, qui n’est plus présent dans les Alpes. On en trouve dans d’autres massifs français, dans les Pyrénées par exemple.

   

Les activités humaines fragilisent la montagne : augmentation de la pollution, circulation, constructions, pratiques plus intensives de l’agriculture, intolérance vis-à-vis des loups, utilisation d’engrais, troupeaux plus importants. 60 passages sur une pelouse diminuent de moitié la végétation (Par exemple, les abords de la Tournette ou du lac de Peyre). Il faut rester sur les sentiers.

Dans le cadre de la transition énergétique, en vue de trouver d’autres moyens de fabriquer de l’énergie, il y a des velléités de constructions de barrages. La neige artificielle consomme de l’énergie. Il y a des projets de liaisons inter-stations qui représentent un risque de destruction des milieux et de dégradation des paysages.

De nouveaux sports attirent de plus en plus de pratiquants : le VTT, le trail, le ski de randonnée.

L’utilisation des véhicules à moteur (les quads par exemple) doit être réglementée et limitée au maximum.

Chaque randonneur représente également une potentielle agression pour le milieu montagnard. Il convient à chacun de le respecter, d'éviter de marcher en dehors des sentiers, de cueillir les fleurs, de laisser des déchets, d'effrayer les animaux...

 

Alors que la température moyenne a augmenté de 0.85 degré Celsius depuis 1850, elle a augmenté deux fois plus dans les Alpes et quatre fois plus au-dessus de 1500 m d’altitude.

  

L'origine des noms de montagne

  

Jean-Philippe BUORD est venu au Club Alpin d'Annecy, présenter une petite conférence sur l'origine des noms de montagne. Il a également écrit des livres sur le sujet :

« Origine des noms des montagnes de la Haute-Savoie » : Cliquer ICI.

 

« Origine des noms des montagnes de la Savoie » : Cliquer ICI.

      

Les premiers noms ont été donnés aux montagnes il y a 8000 ans par les Ligure, un peuple qui parlait une langue pré-celte. Ils nommaient surtout les montagnes qui avaient une utilité : pour faire paître les troupeaux ou aller chasser.

Il y a quelques exceptions : le plus haut sommet a été appelé « Blîn » qui signifie justement « sommet, extrémité ». Plus tard lui a été adjoint le mot « Mons ». Le Mons Blîn a ensuite changé de nom au XIVème siècle quand un poète italien a préféré remplacer Mons Blîn, trop peu joli à son goût, par « Mont Blanc ». D’autres sommets qui portent un nom en rapport avec « blanc » ont la même origine.

L’aiguille voisine était surplombée par le soleil vers midi, ce qui permettait d’indiquer approximativement l’heure à une époque où le village de Chamonix n’avait pas les moyens d’ajouter une horloge au clocher de son église. C’est donc ainsi qu’a été désignée l’Aiguille de Midi, devenue ensuite l’Aiguille du Midi. De même, en milieu de journée, au moment du Goûter, le soleil se trouvait au-dessus d’une aiguille qui a alors pris ce nom.

En Haute-Savoie, de nombreux noms de montagne proviennent de diverses langues telles que le ligure, le celte, le gaulois, le latin, le franco-provençal et le patois. Souvent, ces noms signifiaient « rocher », « tas de pierres » ou encore désignaient le cours d’eau qui rendait attractif un pan de montagne, car les éleveurs pouvaient y laisser leurs bêtes.

 

« Car », « Char », « Chau », « Chat », « Mar », « Ar » signalent un rocher, une montagne. On l’entend, par exemple, dans le nom « Arcalod », « Arclosan ». Sans doute ces noms signifiaient-ils « Montagne de Calod » ou « Montagne de Closan », du nom des éleveurs qui utilisaient ces pentes pour y faire paître leurs troupeaux.

Souvent par méconnaissance de la signification de la racine à l’origine d’un mot, certaines montagne ont un nom redondant, ce qui crée une tautologie, car a été ajouté un terme (par exemple Mont ou Roc) à un mot dont le sens voulait déjà dire la même chose. Par exemple, le Roc de Chère, dont le deuxième mot provient de la racine « Char » qui signifie la même chose que le premier. C’est le cas également du Col de Cou.

« Saix », « Sex », « Se », « Van » désignent un sommet rocheux. À Flaine, les « Grands Vans » proviennent de cette racine. À certains endroits, les cartographes l’ont remplacé par le mot « vent », par erreur.

« Oue » désigne un cours d’eau et, une fois modifié, donne le nom à certaines rivières qui s’appellent « La Loue », comme à Ornans, dans le Doubs. Ou alors le nom d’origine qui signalait un cours d’eau a été remplacé par « Loup », comme le Pas du Loup, sans aucun rapport avec l’animal.

À l’origine, la racine « Alp » n’évoquait pas un alpage, mais un cours d’eau, qui rendait une zone de montagne compatible avec le pâturage des troupeaux. Ce n’est que par extension que ce qui désignait le ruisseau s’est mis à désigner la zone de pâturage, que l’on appelle aujourd’hui, l’alpage.

Cette racine s’est déclinée ensuite en « arp », « ard », « aulp », « ars », « arc », « arb », « arv », « alt »… À certains endroits, le « a » a été remplacé par « o ».

« Praz » se rapporte au mot « pré ».

« Cluse » désigne un endroit en cul de sac, à cause d’une montagne qui bouche la sortie ou d’un précipice.

« Var » désigne une paroi escarpée. On retrouve cette racine dans le nom de la falaise du Salève, « Les Varappes », qui a ensuite donné son nom à l’activité. Les Aiguilles de Varan à Sallanches ont aussi cette origine. Les Sallanchards l’écrivent parfois comme le nom de Madame de Warens qui a vécu dans la région et qui pris en charge l’éducation de Jean-Jacques Rousseau, ce pourquoi on retrouve plusieurs orthographes : Varan, Warens et même Varens.

« Balme », « Barme », « Baume » désignent, à l’origine, un rocher, puis un abri naturel comme une pierre sous laquelle on peut s’abriter ou une grotte. Entre Cluses et Sallanches, le village et les rochers de la Balme côtoient effectivement des grottes.

« Eve » désigne un cours d’eau, un ruisseau. On retrouve cette racine dans le nom « l’Evoiron » qui est devenu « Les Voirons ».

Au-dessus du Lac des Confins, se trouve la Roche Perfia. En patois savoyard, le F correspond au C ; « perfia » correspond donc à « percia » qui signifie percée. Ce sommet possède une arche appelée le « Trou de la Mouche », sans qu’il y ait un quelconque rapport avec un insecte. L’appellation provient de l’ancien français « mucier » qui signifie « cacher,  se cacher ». Le trou en question permettait de se mettre à l’abri, de se cacher.

  

De nombreux noms de montagne ont été modifiés par les cartographes qui se trompaient dans la retranscription du vieux français, notamment avec le F et le S qui se ressemblent beaucoup.

Encore récemment, des noms sont été modifiés. C’est le cas du Col du Câble et du Pas de la Truie, proches tous deux de la Roche Parnal. Le col a été appelé « du sable » sur certaines cartes qui ont ensuite été corrigées, alors qu’il s’agissait bien d’un câble, celui qui permettait, à une époque, de redescendre le lait. Plus bas se trouvait le Pas du Treuil, lui aussi impliqué dans la descente du lait, devenu ensuite Truie par une erreur de copie.

Autre exemple : les Dents de Lanfon qui s’appelaient jadis « Denson » puis « Denfon » puis « D’enfon » puis encore en « L’enfon ». Tout proche, le « Lanfonnet », sorte de petites dents de Lanfon, est une appellation locale qui n’est pas répertoriée. Son vrai nom est la roche Murraz.

Les appellations « col » et « montagne » ont aussi varié. Leur sens a été inversé. À l’origine, le col (« collis » en latin : hauteur) désignait le sommet, mais celui-ci importait peu pour les habitants des lieux. Seul le passage leur était utile pour passer d’un côté à l’autre de la montagne. Le mot « col » a donc désigné le passage et non plus le sommet. De même, « L’agne » ensuite agrémenté de « Mont » désignait le pâturage et non pas les rochers et les sommets.

   

Quatre couleurs permettent de nommer les montagnes :

* Le rouge, parfois à cause de la couleur des roches, comme c’est le cas dans la Réserve des Aiguilles Rouges, au-dessus de Chamonix, mais souvent à partir de la racine « Russ », certainement d’origine ligure ou gauloise, qui signifiait hauteur, sommet et qui a été transformée en « rousse » ou « rouge ». En Isère, il y a les « Grandes Rousses » ainsi que la « Pointe des Rosses » en Haute-Savoie.

* Le noir, car il évoquait les zones recouvertes d’arbres persistants foncés, comme les résineux.

* Le vert pour les zones verdoyantes plantées d’arbres caduques qui sont d’un vert lumineux à la belle saison. L’Aiguille Verte de Chamonix fait office d’exception, car ses parois rocheuses sont loin d’être verdoyantes. Il s’agit de la déformation du mot « envers » qui désignait le côté ubac, envers de la montagne.

* Le blanc qui se rapporte souvent au mot « blîn », qui signifie le sommet.

   

De nombreux endroits ont été nommés en fonction des végétaux que l’on pouvait y trouver : soit des plantes médicinales, soit des arbres dont le bois avait une utilité. Par exemple, le hêtre, aussi appelé « fayard », a inspiré le nom des montagnes qui portent le terme « Foug » ou « Feu ». Le meilleur exemple est la commune du Fayet.

« Verne » provient de l’aulne, un autre arbre utilisé par exemple pour fabriquer les pontons, son bois étant imputrécible.

     

De nos jours, c’est le Club Alpin Français qui valide les nouveaux noms de montagne. Ils sont parfois donnés en hommage à un alpiniste, rarement à une femme. Quelques rares sommets portent le prénom d’une alpiniste ou d’une reine, mais pas leur nom de famille.

Souvent, c’est le hasard, l’imagination ou la forme qui ont permis de nommer les montagnes. Par exemple, l’M de Chamonix, ou l’Index. Sans doute la forme d’une dent peut-elle expliquer le nom donné à la Dent du Requin, au-dessus de la Mer de Glace. D’autres sommets proches portent aussi des noms d’animaux qui arborent de grandes dents : la Dent du Caïman, la Dent du Crocodile.

En face, près de l’Aiguille du Moine, nommé ainsi pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec un moine, les sommets alentour ont reçu « logiquement » des noms en rapport avec la religion : l’Enfant de Chœur, la Nonne, le Cardinal… dans une chaîne appelée « Les Ecclésiastiques ».